Paris-Trouyar n’a jamais eu pour objet, ni pour envie de rencontrer l’Autre

Témoignage de Toubab, l’illustre inconnu 

J’ai grandi en Afrique, en Mauritanie, Mali et Sénégal entre autres, je suis aujourd’hui un médecin glissant vers les 60 balais et travaillant dans un pays dit « défavorisé » (ne pas dire exploité, ça ne se fait pas …).

Dans les années 60 et 70,  il y avait l’esprit de la Route, qu’on pouvait faire en stop, moto, autobus, train, bagnole, etc …
L’essentiel était de rencontrer d’autres humains de cultures différentes.

Mais le Dakar n’a jamais rien eu à voir avec cette envie de rencontrer l’Autre.
Dès le début ce fut une espèce de Club Med pour névrosés du piston utilisés pour la promotion des marques automobiles, une gigantesque arnaque pour gogos et bobos sédentaires scotchés devant leur télé, en mal de rêve exotique en plein hiver européen.

La beauté des paysages, la sérénité du désert et tout le tsoin-tsoin pour commentaires sportifs, c’est un mensonge quand tu fonces dans le fech-fech, les yeux rivés sur ton tableau de bord, les oreilles pleines du hurlement du moteur.

Quand les excités en boîte ont commencé à percuter gamins et dromadaires qu’ils n’avaient pas eu le temps d’apercevoir (pour faire ça au milieu du désert, fallait vraiment être polarisé sur son compte-tour), les sponsors et médias ont dissimulé la crasse avec juste ce qu’il fallait de caution humanitaro-ethno-culculturelle pour faire avaler le poisson.

Et tout ce beau monde a continué à vendre « l’Aventure » de ces soit-disants baroudeurs mais vrais meurtriers, et de leur connaissance du désert …
Quelqu’un qui connaît vraiment le désert ne prend pas l’hélicoptère quand le simoun se lève ! Hé oui !

On voit aujourd’hui ce qu’il en est réellement : à la moindre alerte, une véritable armée d’hommes jeunes en pleine force, concurrents, mécano, gardes, techniciens, tous bardés d’électronique et de haute technologie, et de plus encadrés, pouponnés et maternés par des forces armées locales hyper motivées se déballonnent comme les dirigeables publicitaires qu’ils sont.

Des aventuriers en peau de burnes de chacal, j’appelle ça.

Pendant ce temps, des dizaines de militants ONG, dont ne parlent jamais nos journaleux, continuent de bosser comme si de rien n’était.

L’organisation du Paris-Trouyar leur versera t’elle quand même les fonds promis ?Car elle en a promis.
Ce n’est pas sûr.
On peut en douter, tant la médiocrité a submergé le microcosme pipeolo-médiatique hexagonal.

Après tout, les « français de France » se choisissent les héros qu’ils méritent …