Le Rallye indécent, texte intégral caviardé par Agoravox

Lettre ouverte à Etienne Lavigne, Directeur du Dakar
Amaury Sport Organisation (ASO)
Thierry Sabine Organisation (TSO filiale d’ASO depuis 1991)

Monsieur Lavigne, je m’ennuie chez moi. Tenez j’ai une idée.
Comme ce n’est pas possible à mon domicile pour des raisons qu’il serait contre-productif de vous exposer,
Je me propose de débarquer chez vous avec quelques téméraires aventuriers de mes amis.
Programme des festivités : Envahir votre maison, jardin et garage compris pendant quelques jours en dévastant tout sur notre passage et en festoyant de temps en temps pour reprendre quelques forces. Vos enfants et le chien sont priés de ne pas se trouver sur notre chemin sous peine d’y laisser leur peau. Au terme de notre exploit collectif, le plus rapide et plus fin expert en crasseries définies sera désigné et nous pourrons alors repartir le cœur léger en vous laissant les miettes de nos diverses agapes et le ménage à faire.
Non, sans façons me répondez-vous ? Je ne comprends pas…
Autre proposition innovante : Que pensez-vous de l’idée d’organiser un course en Europe, disons, de Ceuta ou de Melilla (Espagne) à Stockholm (Suède) où concourraient des africains conduisant comme des hallucinés des monstres mécaniques à 2 ou plus de roues, à travers les routes de France, d’Allemagne, de Belgique, des Pays-Bas sans se soucier de faucher quelques habitants des villes ou villages traversés.
On pourrait s’assurer qu’ils puissent saccager au passage quelques espaces naturels préservés lors de « spéciales ». La Camargue pour commencer par exemple. Alors, n’est-ce pas là une bonne idée ?…

Engluée comme elle l’était dans une guerre larvée contre les migrants et les réfugiés, on aurait pu croire que l’Union européenne aurait révisé sa copie. Nenni, elle a désormais franchi, à sa frontière sud, le cap de la guerre totale.

La tragédie ultra médiatisée des maliens, sénégalais et autres guinéens tués par balle en tentant de franchir la frontière entre le Maroc et les territoires espagnols de Ceuta et de Melilla, les dizaines d’autres grièvement blessés et plusieurs centaines noyés ou volés, violés, déportés et abandonnés, sans eau ni vivres, dans le désert du Sahara aurait pu constituer un électrochoc susceptible de faire réfléchir et/ou décourager les participants et l’organisateur que vous êtes…
Vous n’entendez que le joyeux tintement de votre tiroir-caisse car ils sont de plus en plus nombreux à s’inscrire sans états d’âme.

Les murs érigés de plus en plus haut, les dispositifs de plus en plus sophistiqués et la sous-traitance rémunérée de la violence mise en place par l’Union européenne pour se protéger de l’envahisseur subsaharien auraient pu vous gêner et vous faire reculer, vous, l’organisateur du Paris-Dakar ainsi que les sponsors,
Las, la course aura bien lieu du Portugal au Sénégal en passant par le Maroc, la Mauritanie, le Mali et la Guinée.
On l’aura compris, votre Paris-Dakar, est une entreprise florissante génératrice de sommes d’argent telles que la honte, la retenue et la décence ne peuvent plus être de mise.

Mais n’avez-vous donc aucune conscience?

Au-delà de faits particulièrement exaspérants, voire choquants, mais déjà mis en évidence dans mes précédents communiqués
http://claire.aymes.free.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=28&Itemid=2
http://claire.aymes.free.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=56&Itemid=2
( pollutions et nuisances sonores, destruction de la rare flore du désert, perturbation de la faune, absence totale de respect et d’intérêt pour l’Afrique et ses habitants, gaspillage de millions d’euros sous les yeux ébahis et envieux de personnes qui, pour l’écrasante majorité, peinent à assurer leur survie au quotidien, les mêmes que l’Union européenne extermine aujourd’hui sans pitié sur ses frontières Sud pour qu’ils n’accèdent pas à ces richesses),

N’y a-t-il donc aucune autre chose plus dérangeante encore susceptible de vous interpeller?…
Si le fait d’organiser un rallye Paris-Dakar est réellement l’exemple d’une coopération harmonieuse entre deux continents,

Où sont les écoles et les hôpitaux construits le long des parcours passés grâce à ce rallye ? Si le Paris-Dakar n’est pas perçu -plus ou moins consciemment- du côté français comme une façon de perpétuer et de représenter le fait selon lequel l’Europe a et aura toujours les moyens financiers et donc politiques de dominer l’Afrique, quelle que soit l’époque et malgré l’avancée de l’Histoire,

Où sont les décisions et la mobilisation nécessaires que vous avez initiées ( grâce à votre poids relationnel et médiatique) et fait aboutir pour qu’enfin, par exemple, les molécules qui soignent le paludisme, le sida soient accessibles ou produits dans ces pays, les plus exposés et les plus démunis que vous traversez?
Un quart des bénéfices (je n’ose même pas parler du budget) que vous engrangez depuis des années aurait déjà pu changer la face de certains de ces pays pauvres que vous dévastez dans l’allégresse.
Mais vous vous en fichez royalement. Votre rallye Paris-Dakar donne l’impression que les réflexes des colonisateurs du 19ème siècle sont toujours actifs dans l’esprit et dans le cœur des européens civilisés du 21ème siècle.

Vous appelez vraie aventure humaine d’aller exhiber un luxe insolent et de parader sans pudeur grâce aux riches lobbies du pétrole et de constructeurs de 4X4 ?
Vous appelez vraie aventure humaine un coûteux loisir fait sur mesure pour le bon plaisir d’une minorité de riches névrosés en mal d’aventures, qui font chez les autres ce qu’ils ne toléreraient pas que l’ont fasse chez eux.
Que vous ne toléreriez pas qu’on fasse chez vous ! La vraie aventure humaine signe de courage n’aurait-elle pas été aujourd’hui de lutter concrètement contre la faim, les maladies et surtout contre l’exploitation éhontée des pays pauvres que vous traversez par les pays riches dont vous êtes issu ?
Simple, décidément trop simple.

Vous mettez régulièrement en avant la richesse de la rencontre de cultures différentes.
Qui peut y croit un seul instant ?
Même pas vous.

Outre le fait que la rencontre de cultures n’a jamais nourri son homme, à ce jour, je n’ai vu qu’une étourdissante armada d’acier traversant les pays à une allure telle qu’elle met en danger la vie d’enfants et même d’adultes.
Pensez-vous encore à ces enfants morts par votre faute ?
Auriez-vous accepté que les vôtres meurent dans de telles circonstances ?
Les caméras qui vous suivent n’ont la chance de montrer que des nuages de poussière enveloppant des négrillons dépenaillés lorsqu’ils ont eu la chance d’échapper aux roues du Paris-Dakar.
En tout cas, vos émissions de retransmission sportives ne reflètent nullement cette expérience soit disante humaine dont parlent les défenseurs du Dakar ou alors elles le cachent bien.

Depuis deux ans que je me pose des questions sur le rallye Paris-Dakar, je ne vois toujours que ceci:
Une fois par an, grâce à votre talent visionnaire, des gens très riches imposent une vrombissante visite à des gens très pauvres.
Une fois par an les télévisions d’Europe que vous rameutez pour l’occasion vous suivent dans ces pays, pour qu’une fois par an, je ne sais combien de millions de personnes des pays riches se divertissent devant leur poste de télévision.
Les pro Paris-Dakar affirment et veulent persuader que les autochtones doivent être content quelque part, mais ils ne précisent pas comment ni pourquoi.

En ce qui me concerne, le rallye Paris-Dakar aurait pu contribuer à une réelle évolution du continent africain.
Vous auriez pu faire rimer sport et tourisme équitable.
Il y avait un potentiel monumental en termes d’échanges et de soutien des pays pauvres d’Afrique mais vous n’en avez rien fait, ou si peu, le strict nécessaire pour constituer un alibi.

Vous auriez pu apporter beaucoup aux pays du Sud comme au pays du Nord d’ailleurs mais votre logique cynisme de riche n’est que la continuation du colonialisme et un symbole du déséquilibre Nord-Sud de notre planète.
Votre rallye Paris-Dakar reste l’expression d’un incommensurable mépris envers les pays du Sud.

Malgré les critiques émis depuis des années, vous et vos aimables compagnons du Paris-Dakar persistez à n’avoir aucune conscience. Vous ne voulez respecter ni la vie, ni l’environnement. Vous ne songez pas à remettre en cause ce rallye sous sa forme actuelle ni reconnaître que tout un continent, l’Afrique, ne saurait être le terrain de jeux de quelques nantis en mal d’exotisme et de sensations fortes.

Etienne Lavigne, ne nous laissez pas d’autre alternative que de nous mobiliser tous, associations comprises, de sensibiliser un maximum de personnalités de tous horizons, d’écrire et manifester inlassablement jusqu’à vous obliger à arrêter définitivement votre rallye indécent.

Bien cordialement,
Claire Aymes
Membre honoraire Europe Ecologie
Présidente du Collectif Actions pour les Victimes Anonymes du Dakar

Une croisade de moins

Remerciements à Mahmoud Arslan

L’écrivain français Marc-Edouard Nabe à Nouakchott se réjouit de l’annulation du Paris-Dakar.
L’auteur de «Une lueur d’espoir», le premier livre écrit sur les événements du 11 septembre 2001 qui défraya la chronique, est en Mauritanie.
Toujours prêt à se déplacer sur le terrain de la vérité comme il l’avait fait à Bagdad en 2003, il  est venu chez nous, malgré les mises en gardes officielles contre toute visite en Mauritanie.
Marc-Edouard Nabe se trouvait à Atar lorsqu’il a appris l’annulation du rallye Lisbonne Dakar, nous avons pu recueillir ses commentaires à chaud…

La Tribune : Est-ce votre premier voyage en Mauritanie et quelles sont vos impressions de notre pays ?
Marc-Edouard Nabe : Je connaissais déjà le Sénégal mais pas la Mauritanie. L’Afrique est un choc personnel depuis l’âge de mes neuf ans et depuis le continent ne cesse de me fasciner. J’ai découvert dans la Mauritanie un pays d’un grand calme, d’une élégance et d’une dignité qui force le respect. J’ai eu la chance de remonter jusqu’à la merveilleuse Atar…
Je déteste le tourisme et quand je voyage, surtout en Afrique, je fuis le moindre blanc. D’ailleurs je pense que l’un des combats qui va se mettre en place de plus en plus durement dans les années prochaine est celui entre le tourisme et le terrorisme. Si on se souvient de ce qui s’est déjà passé en Turquie et en Egypte.

On peut constater que « l’affaire d’Aleg » n’est que la continuation d’un sentiment croissant des populations dites « pauvres » envers les riches occidentaux qui viennent les « visiter » comme au zoo.
Sans rien savoir du fond de l’attaque des touristes français la semaine dernière (je remarque d’ailleurs qu’en France on s’est bien gardé de nous révéler le témoignage exact du seul survivant), la propagande médiatico-occidentaliste a collé pavloviennement l’étiquette « Al Qaida Maghreb » sur l’événement.

C’est bien pratique pour faire monter la paranoïa des blancs qui ne voient pas plus loin que le bout du nez de leurs ressortissants.
Oui, c’est regrettable que quatre « innocents » se soient fait flinguer par un jeune salafiste d’à peine vingt ans, mais il faudrait savoir comment ces touristes se sont comportés avec les mauritaniens avant de décider de saussiçonner au bord de la route.
Je répète que le fond du problème est le tourisme, mal en soi, pratiqué par, quoi qu’on en dise des héritiers de colons qui perpétuent sous différentes formes l’esprit de colonialisme.

La Tribune : Votre visite en Mauritanie coïncide également avec l’annulation du rallye Paris-Dakar cette semaine. Qu’en pensez-vous ?
MEN : Je m’en réjouis.
Rappelez-vous la récente et lamentable affaire de l’Arche de Zoé où des pauvres cons manipulés par l’idéologie anti-« génocidaire » du Darfour se sont autorisés à kidnapper une centaine d’enfants soit-disant orphelins.

On peut retourner l’affaire comme on veut, il s’agit purement et simplement d’une bande de racistes-humanitaires pour qui tous les petits noirs se ressemblent  et qui étaient prêts à une nouvelle sorte de traite négrière pour leur petite gloriole.
Le « droit d’ingérence » matraqué à longueur de temps est une des formes de ce néocolonialisme à la sauce mondialisée dont je parlais.

Quant au Paris-Dakar, c’est la pire manifestation anti-noire officialisée depuis trois décennies. Enfin, ça suffit.
Tous ceux qui aiment l’Afrique et qui sont dégoûtés par la spoliation de ses richesses et de sa spiritualité ne peuvent que se réjouir de l’interruption de ce rallye dégueulasse.

Depuis trente ans, des beaufs sportifs (pléonasme) se permettent de venir saccager plusieurs pays avec la fausse bonne conscience d’apporter un « échange culturel » alors que ce n’est qu’une sorte de croisade de blancs barbares qui déboulent à toute berzingue sur une terre qu’ils ne respectent pas pour leur seul amusement sponsorisé.
Une croisade de moins, c’est toujours bon à prendre.

Les mauritaniens ne devraient se sentir ni frustrés, encore moins punis parce que cinq cents autos, motos et camions ne viendront pas cette année faire les imbéciles sur leur dunes en fauchant quelques gosses au passage.

La Tribune : Pourtant les media français semblent tous d’accord  pour dire qu’il s’agit d’un désastre pour l’image et l’économie mauritanienne.
MEN : La perte économique bien sûr a été très exagérée par les occidentaux et leurs collabos locaux.
Les gens sérieux estiment que sans le Paris-Dakar la Mauritanie perdra deux millions d’Euros, c’est tout.
Le moindre armateur de pêche ici fait ce chiffre d’affaire les doigts dans le nez, ne parlons même pas des compagnies pétrolières…

La Mauritanie ne perd rien avec le Paris-Dakar.
C’est au contraire une bénédiction pour les africains d’avoir chassé les nouveaux croisés de leur territoire.

J’attendais ça depuis trente ans cela s’est produit pendant que j’étais sur place. Ça me rappelle l’Irak fin mars 2003 ou j’avais eu la chance de partir avant de voir un seul G.I dans les rues de Baghdad.
Ici, je repars sans avoir entendu l’atroce vroum-vroum d’un sale blanc sur sa Suzuki !

Propos recueillis par Mohamed Fall Ould Oumeir.
Source : La Tribune n0 381 Janvier 2008

Rallye Dakar: Une trentième terrorisée

Le Dakar 2008 annulé. Vous vous rendez compte? Comment est-ce possible?

Il a fallu quatre morts, le 24 décembre, touristes français de surcroît, pour cause de terrorisme et on met le Dakar en jachère, pour un an. Une trentième annulée. Pas de champagne à prévoir pour ce grand anniversaire.
La nouvelle est tombée aujourd’hui
Ouf, pourrait-on dire. On aurait pu trouver, un jour, un rejet par une autre voie, plus style « reality show »: trop de morts, plus rien à prouver, la mécanique est fiable… Non, c’est la politique et non pas le réchauffement climatique qui est en cause de cette annulation.

La Mauritanie n’est pas sûre. Trop de kilomètres, trop d’étapes dans ce pays. Le Paris-Dakar aurait perdu son âme sans passer par là. Il faut faire preuve de prudence.

On ne va pas pouvoir flamber quelques litres de pétrole en plus.
L’organisateur trouvait cela dommage surtout après les sommes investies pour le rallye. La publicité n’aura pas la chance de se placer sur le circuit et les capots des voitures. La vérité ne sortirait donc pas de la bouche des enfants. Nous ne faisons pas du sport au Dakar. Pas plus de l’aventure. Cela fait trente ans qu’on arpente ces pistes. La découverte est un peu rassie.

J’ai eu dans un temps anniversaire, pour le Dakar 2006, un article sur ce site « Traversée du désert » commenté Sur AV, même sujet.

J’exprimais alors le reproche que l’on pouvait faire avec cette course endeuillée par des accidents à répétition.
Le post-colonial, mon autophobie et son cortège de faux semblants sortaient dans les commentaires.Article partisan.
Oui, sans conteste. Oui, c’est vrai, je l’avais catégorisé dans la rubrique « Sport ».Erreur de lèse-majesté. On ne parle pas de sport, je viens de le réaffirmer.

J’avais à l’époque une rédactrice qui m’avait précédé et avait manifesté son mécontentement vis-a-vis de cette course.
Elle m’a servi de paratonnerre.
Elle a dû se farcir une avalanche de reproche des plus « verts ».
Normal, direz-vous, elle était probablement dans un parti écologique.

Cette fois, le terrorisme latent a eu raison de la course.
Le pétrole, son prix et son début de rareté n’y étaient pas venus à bout.
Alors quant à mon « autophobie primaire » citée en commentaire, ce serait mal viser.
Quand la pénurie et la pollution guettent, il y a des choix à faire. Pouvoir continuer à véhiculer sa p’tite auto encore de nombreuses années, cela a aussi des partisans.
On ne peut pas dire que l’on n’était pas prévenu.

Paix à toi, Oh, Dakar, tu as assez péché et prêché dans le désert. Tu as assez fait couler trop d’encre.
Média, au boulot, sortez du bac à sable, rien que pour une fois.

L’Enfoiré, Janvier 2008 http://vanrinsg.hautetfort.com
Citations:
· « Le désert n’ayant pas donné de concurrent au sable, grande est la paix du désert. », Henri Michaux
· « Pour la chasse aux lions : vous achetez un tamis et vous allez dans le désert. Là, vous passez tout le désert au tamis. Quand le sable est passé, il reste les lions. », Alphonse Allais
· « Les forêts précèdent les peuples, les déserts les suivent. », François René de Chateaubriand

Le Dakar : course, sport, commerce ou folie ?

Voilà, c’est reparti, le 28e rallye-raid a pour nom « Lisbonne-Dakar 2006 » ! Après un an d’attente fébrile, de préparation de leur belle machine pétaradante et gonflée jusqu’au cou, les voilà, ces « Schumis » en herbe, amateurs ou professionnels, ces « chatouilleux de la pédale d’accélérateur » au portefeuille bien garni, qui se sont lancé à l’assaut de leur traversée du désert.
Toujours prêts à sacrifier leur réveillon de Saint-Sylvestre, à bord de leur charroi hétéroclite de voitures, motos et camions, ils se targuent, une nouvelle fois, de traverser le désert dans le minimum de temps.

Pour 2006, la vitesse maxi des camions et des motos a été limitée à 160 km/h. Les villages seront théoriquement épargnés, vu la limite de 50 km/h. L’avertisseur de dépassement « Sentinel » est obligatoire pour tous. Le système électronique « Iritrack » sera obligatoire, transmettra par satellite la position des concurrents et pourra apporter l’aide nécessaire en cas de besoin. La navigation par système GPS sera par contre limitée au niveau des fonctionnalités. Pour corser la course, une étape sera organisée sans aucune assistance. L’autonomie des motos passera de 350 à 250 kms, pour en réduire le poids et en augmenter la maniabilité.

Comme ils ont pendant un an rongé leur frein en s’incrustant dans les files sur nos routes, rien ne pourra plus arrêter ces jeunes et moins jeunes, qui ont fantasmé en préparant l’épreuve reine du baroudeur, celle qui va leur permettre de se défouler aux yeux du monde, de briller l’espace de quinze jours sous les feux de la rampe du soleil africain. Les médias, comme toujours, seront tous au rendez-vous de l’épreuve.

Si on sort de cette effervescence, il saute aux yeux que le Dakar est vraiment la réplique parfaite de la vie de l’homme moderne, qui roule à tombereau ouvert, dans une fuite en avant, sans perdre un instant pour voir, sans prendre le temps de regarder les paysages qu’il traverse et les gens qui les peuplent. Les retombées financières pour les populations n’existent pratiquement pas. On ne fait que passer, on laisse des traces, mais on ne les efface pas. La passion n’a simplement pas de prix. Ce rallye ne manque pas de sponsors qui, pour décorer la vitrine de leur production, n’hésitent pas mettre le prix.

A bord de leurs bolides, les coureurs restent insensibles aux problèmes existants, à ceux qu’ils créent eux-mêmes, en réveillant des populations qui n’ont vraiment pas besoin de cette agitation. Agression écologique et humanitaire, perturbée par la politique et le terrorisme, le Dakar est contesté tous les ans.

Le désert n’est plus qu’un prétexte, un attrait touristique d’aventure qui attire sans plus aucune intention d’apporter la moindre amélioration à la sécurité routière.

Comme ce fut le cas lors de précédents rallyes, si d’aventure, une fillette de la population locale, surprise par ce tohu-bohu, s’approchait trop près de la piste, et que l’accident prévisible, fatal, survienne, la victime ne serait qu’un nom ajouté aux « dégâts collatéraux » d’une course impassible et impersonnelle. Le spectateur, devant sa télévision, s’émeuvra quelques instants, en pensant à la jeune vie qui est partie, et puis dans les images qui suivent, ne pensera plus stratégiquement qu’aux pronostics du vainqueur le plus probable.

Dans l’histoire du Dakar, vu les excès de vitesse pratiqués pour sauter buttes et dunes du désert, trop d’années noires ont fait partie du lot de malheur. Mais morts et blessés à vie du côté des participants n’ont pas altéré cette lutte pour une victoire très éphémère et si peu productrice de progrès. En 1986, l’organisateur du rallye d’origine, Thierry Sabine, et le chanteur en pleine gloire, Daniel Ballavoine, suivant la course à bord d’un hélicoptère, se sont écrasés, mettant fin à un destin plein de promesses. Mais chaque année, la mémoire courte aide à repartir de plus belle, en pleine insouciance.

Une telle vision du progrès n’a vraiment plus de lettres de noblesse. A l’arrivée, pléthore de journalistes seront là pour féliciter et pour acclamer les vainqueurs.

A cette occasion, une interview surréaliste pourrait très bien se dérouler ainsi :
– Comment c’était l’Afrique ?
– Très dur, vraiment très dur.
– Oui, mais l’Afrique, comment l’avez-vous trouvée ?
– Quelle Afrique ?  serait la réponse du héros d’un jour, très surpris.

Quand aurons-nous enfin des simulateurs de pilotage assez réalistes pour permettre à ces « fous du volant » de s’éclater à l’aise, sans coup férir, et remplacer ce remue-ménage, tellement consommateur de ce carburant si précieux ?

« Tais-toi, l’Enfoiré.
Tu ne comprends rien, ça, c’est du sport ! »

Je me retire sur la pointe des pieds, et plonge dans le dictionnaire :
Sport : Ensemble d’exercices physiques se présentant sous forme de jeux individuels ou collectifs, pratiqués en observant certaines règles et sans but utilitaire immédiat ».

Je reste donc à ne pas comprendre, mais mon dictionnaire date, lui, de 1975.
Je persiste et signe : le Dakar, une traversée du désert, mais d’un désert dans l’âme.
Le centaure moderne : la moitié d’un homme et la moitié d’une voiture de sport, Edith Grobleben
Janvier 2006
L’Enfoiré  http://vanrinsg.hautetfort.com/

Grease to Greece, rallye « Vert »

C’est donc possible !

Les Français ne risquent pas de connaître le Britannique Andy Pag, et pour cause.
C’est l’homme qui a organisé l’année dernière un voyage humanitaire pas comme les autres : avec son collaborateur John Grimshaw, il est parti de Poole (côte sud de l’Angleterre) pour se rendre à Tombouctou (Mali) au volant d’un camion fonctionnant au biocarburant produit à partir de chocolat.

Le 16 août 2008, Andy Pag a récidivé et s’est lancé dans un autre rallye nommé « Grease to Greece » (du cambouis à la Grèce), destinée à promouvoir l’utilisation de biocarburants moins chers et moins nocifs pour l’environnement.

Parti de Londres pour rejoindre Athènes (Grèce), les véhicules utilisés roulaient à l’huile de friture usagée recyclée. Le rallye Londres-Athènes a traversé la France, la Belgique, l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie, la Croatie, la Bosnie, le Monténégro et l’Albanie (une expédition de 3750 km) : ils sont arrivés à destination le 27 août 2008.
Lors du parcours, des restaurants et des cafés ont fourni aux 8 équipes leur matière première, leurs huiles usagées.Les stations-service traditionnelles qui ont ainsi été boudées se souviendront longtemps de ces sacrés concurrents.
http://uk.news.yahoo.com/itn/20080828/video/vod-from-grease-to-greece-f1a0497.html

Andy Pag a affirmé suite à son arrivée : « Beaucoup de gens ne savent pas que certains biocarburants, quand ils sont fabriqués de façon adéquate, fonctionnent dans n’importe quel moteur Diesel. Il n’y a aucune raison pour que tout un chacun ne puisse pas faire de même, en économisant ainsi un peu d’argent et en protégeant l’environnement sans consommer de carburants fossiles ».

Le prochain objectif de Andy Pag : en 2009, effectuer en avion le trajet Royaume-Uni/Chine en utilisant du kérosène produit à partir de sacs plastiques recyclés. Des initiatives à saluer.

Ce ne sont pas les assassins du rallye Dakar, pollueurs multi-récidivistes qui lancent leur dévolu sur le désert de l’Atacama qui pourraient en faire autant!

Collectif Actions pour les Victimes Anonymes du Dakar
Sources : Severine Alibeu, Yahoo uk, Reuters

Le criminel rallye Dakar veut fondre sur le désert fleuri

Remerciements à Michelle Suarez
Le rallye Dakar sur les fleurs du désert chilien

C’est confirmé depuis quelques temps maintenant, les gros bras du Dakar iront polluer l’Amérique du sud avec leurs bécanes et leurs voitures. Les menaces d’attentat étaient trop fortes en Afrique !
Donc pour ne plus écraser les enfants africains, polluer le désert du Sahara et rouler à toute allure au nez et à la barbe des villages affamés, la course partira le 3 janvier 2009 de Buenos Aires en Argentine pour prendre la direction du nord du Chili, ce à quoi s’opposent des associations de protection de l’environnement.

En effet les voitures devraient traverser la région sud d’Atacama, le fameux « désert fleuri ».
Dans cette région totalement aride, s’il se met par hasard à pleuvoir, des milliers de fleurs multicolores sortent de la terre et tapissent un sol habituellement rocailleux.
La région est évidemment très fragile et les bulbes des fleurs ne résisteraient pas au rouleau compresseur mécanico-publicitaire du Dakar.

Et pendant que les organisateurs du Dakar font pression sur le gouvernement chilien pour passer outre les recommandations environnementales, un groupe Facebook s’est créé pour protester contre la traversée du Désert d’Atacama par les 4×4.

Allé, pour penser à autre chose, voici quelques lignes de Luis Sepulveda, écrivain chilien qui évoque ce phénomène de floraison dans son recueil de nouvelles Les roses d’Atacama:« Les sacs de couchage étaient trempés. Je demandai s’il avait plu, Fredy répondit que oui, il était tombé une pluie douce et file comme presque tous les 31 mars à Atacama. En me redressant, je vis que le désert était rouge, d’un rouge vif, couvert de minuscules fleurs couleur de sang. ‘-Les voilà. Les roses du désert, les roses d’Atacama’. « http://mapierrealedifice.blogspot.com/2008/08/le-dakar-sur-les-fleurs-du-dsert.html
Raphael M    3 Août 2008