Par Claire Aymes et MBOA,
du Collectif Actions pour les Victimes Anonymes du Dakar (*).
faut-il supprimer le Paris-Dakar ? ( publié par l’Humanité du le 12 janvier 2008)
L’adage dit : « Lorsque l’on aime, on ne compte pas. » Pourtant, nous démentons chaque jour ce principe qui permettrait de distinguer les escrocs de l’amour de ceux qui posent des actes concrets.
Les amoureux de l’Afrique ; ceux qui, par un élan de générosité, de philanthropie inexplicable sont toujours là pour elle, oubliant, par une incroyable amnésie, la misère de l’Europe.
Ceux qui n’attendent rien d’elle, qui lui donnent tout et seraient même prêts à donner leur vie pour elle s’il le faut ont, depuis hier, été contraints à compter ; démentant le fameux principe qui régit les relations amoureuses saines.
Ces amoureux qui l’adorent comme ils adorent le CAC 40, c’est-à-dire lorsqu’ils lui soutirent un maximum de fric. Mère Afrique, mais qu’as-tu donc à faire fuir tous ceux qui t’adorent, qui disent vouloir t’aider sans arrière-pensée aucune ?
Hier, tu t’es montré ingrate et odieuse à l’endroit du rallye Dakar. Pourtant comme l’Arche de Zoé dont certains membres du Dakar sont les parrains, il venait te sauver selon cette loi suprême inscrite dans les gènes de chacun de ses concurrents.
Cette loi étrange qui les pousse, sans que tu aies à demander, à venir à ton secours, à sauver ta progéniture à l’insu de ton plein gré.
Un tel acte de philanthropie, d’une si extrême et si désintéressée générosité, le trouveras-tu encore ? Pas si sûr !
Aujourd’hui, ce n’est pas seulement un bienfaiteur que tu fais fuir, mais un amoureux comme lui seul sait t’aimer.
Le rallye Dakar regroupait tous et toutes celles qui sont tombés amoureux de toi et qui comptaient te sortir de l’anonymat et de la pauvreté dans lesquels tu sombres. Ils se sont déclarés tes ambassadeurs pour te représenter et te présenter au monde sous les plus beaux atours.
Avec plus de 500 journalistes de 300 médias différents, c’était tout bénéfice. Mais qu’est-ce qui t’a pris d’éconduire un amoureux aussi passionné et multitalent que celui-là ?D’où sortent ces faméliques rebelles armés ?
Comment vas-tu maintenant distraire les enfants qui attendaient chaque année le retour de ton amoureux pour trouver du bonheur et s’extasier à chaque vrombissement de sa puissante, cynique et mortelle mécanique ?
Mère Afrique, n’as-tu pas compris que, pour que ton amoureux ne compte pas ce qu’il perd dans votre relation, il fallait que tu taises et acceptes inconditionnellement les souffrances d’un amour que tu décris comme tentaculaire, asphyxiant et mortel pour toi et tes enfants ?
N’as-tu pas compris que ton amoureux se délecte de ta souffrance pour se sentir viril et utile ?
Seul réconfort, grâce à ces dernières nouvelles, mère Afrique, nous savons désormais que ton amoureux, lui, compte l’amour qu’il te porte.
Il compte lorsque ses partouzeurs et lui sont menacés.
Il compte dès lors que tu lui fais comprendre que tu n’aimes pas sa façon de t’aimer ; dès lors que tu lui dis qu’en tuant tes enfants, tu n’es plus capable de le supporter.
Alors il compte ; oui, il commence à pleurnicher, il t’accable et prétend même que tu gâches ainsi ta vie.
Il dit qu’il ne viendra plus te soigner, amuser tes enfants.
Il te menace de prendre d’autres maîtresses qui seront comme par hasard exotiques mais surtout pauvres et dociles.
Cessera-t-il aussi de venir chercher ce qu’il y a dans ton sol ?
Il estime ses pertes, non pas dans ce qui sort de ses efforts, de ses poches mais bien de ce qu’il ne peut plus soutirer en te violentant, en souillant et polluant tes enfants et ton sol.
Tout ce qu’il perd en ne t’exploitant plus.
Comme il a compris que tu n’es plus dupe de son vil manège, il pose le dernier acte ignoble en te léguant à son fils adultérin Transafricaine Classic.
Pour bien te faire comprendre qu’il t’anéantira d’une manière ou d’une autre, et ce, dès cette année.
Si je peux me permettre un conseil, chère mère Afrique, fais attention dorénavant à ces amoureux qui viennent d’ailleurs en te parlant d’humanisme et d’amour, car ils sont plus intéressés par les richesses que tu rapportes que par toi-même.
Mais il faudra aussi, hélas, te méfier de certains de tes enfants ingrats.
Ceux-là qui pactisent avec les amoureux que tu renvoies et qui aujourd’hui encore regrettent que tu aies éconduit ton criminel amoureux multicartes.
Car comme les voleurs et les violeurs occidentaux, ils parlent d’Afrique, mais leur coeur ne pense qu’au fric comme le soulignait déjà le sage Francis Bebey.(*) http://www.stop-rallyedakar.com