Des éditorialistes reviennent, samedi 14 janvier 2006, sur la mort d’un enfant guinéen lors de la 13 è étape du Paris-Dakar.
Gilles Dauxerre LA PROVENCE
» (…) Non! Si ce petit garçon est mort, c’est parce que les pistes africaines continuent de servir de terrain de jeu à des amateurs de vitesse européens qui ne peuvent pas assouvir leur passion violente chez eux. Passe encore qu’ils effraient les chameaux et les scorpions dans les dunes du Sahara, en faisant aussi abstraction de la pollution qu’ils infligent au désert. Mais leur course folle au milieu des villages du Mali, de Guinée ou du Sénégal est devenue criminelle. L’Afrique qui se débat dans des problèmes politiques, économiques, sociaux et sanitaires incommensurables, mérite autre chose. Les pseudos aventuriers du rallye « Dakar » seraient mieux inspirés d’investir leur argent et leur énergie dans des programmes d’aide efficaces et moins meurtriers. Certains, concurrents, comme Bruno Saby, ont heureusement pris conscience des dangers de cette course automobile en s’interrogeant sur sa pérennité. En disant « stop », ils sauvent, au moins, notre honneur. »
Le petit Boubacar Diallo ne doit pas passer par les profits et pertes d’une compétition « inhumanitaire ». On préfèrerait qu’il soit vivant et faire notre deuil du Dakar. »
Jacques Camus LA REPUBLIQUE DU CENTRE
« Il y a vint ans, jour pour jour sur le Paris-Dakar, l’hélicoptère de Thierry Sabine s’écrasait dans le désert malien. En ce samedi, l’anniversaire sera triste, encore plus triste, parce que, d’année en année, le « Dakar » n’en finit pas de laisser des morts sur son passage et de pleurer de nouvelles victimes. (…) Les opposants au « Dakar », qui prêchaient dans le désert depuis quelques années, vont assurément retrouver des arguments (et surtout une écoute) pour dénoncer les méfaits de cette néo-colonisation motorisée. Leur combat s’était quelque peu enlisé dans les sables de l’idéologie, et l’indifférence du grand public était le plus sûr allié des organisateurs. Ce n’est sans doute pas par hasard qu’ils ont éliminé depuis deux ans tout trajet en France. Il ne fallait pas, par d’intempestives manifestations, gâcher la fête des fanas de la « libre circulation automobile ». Il reste qu’aujourd’hui, il devient de plus en plus difficile de justifier une hécatombe inutile.