Le sale con de l’auto – URBAN SAFARI

Avec son gros 4X4 tout noir, deux fois par jour, cet abruti se fait son petit Paris-Dakar, c’est l’aventure entre son bureau et chez lui. A bort, il y a le GPS, des fois qu’il se perdrait dans le quartier, depuis vingt ans qu’il le traverse, sur qu’il peut se vanter d’avoir l’air conditionné…Il gueule au milieu des bouchons sur tout ces cons dans leurs autos, comme un bélier qui a l’impression de faire partie du troupeau.
Le quat’quatre c’est quarrèrent mieux qu’une voiture, c’est une cuirasse, une armure, ça à de l’allure et ça carbure. C’est un bulldozer, un char d’assaut, pour y monter c’est un  peu haut, il faut un escabeau !
A chaque fois qu’il double un connard, il se dit qu’il devrait s’acheter un kit mains-libres pour pouvoir faire des bras d’honneur en toute sécurité. Quand y a pas de place pour stationner, il grimpe n’importe où et se gare, comme si jamais ça suffisait pas avec tout ce qu’il y a comme merdes sur les trottoirs. On dirait un peu Goldorak quand il traverse le centre-ville, mais quand il sort de son quat’quatre on dirait plutôt Benny Hill.
Le quat’quatre c’est quarrèrent mieux qu’une voiture, c’est une cuirasse, une armure, ça à de l’allure et ça carbure.C’est pour les blaireaux grand standing, pour le populo, y a le tunning, pour frimer sur les parkings.
Chaque soir en rentrant ça rate pas, dans la petite côte qui est pas bien large, devant lui un vélo roule au pas, il peut pas le doubler, il a la rage !
En plus de ça c’est une gonzesse, s’est-il rendu compte, et depuis, c’est les yeux rivés sur ses fesses qu’il la suit au ralenti…Hypnotisé par la cadence de son popotin qui balance, il rêve qu’elle monte dans son carrosse pour voir que c’est lui qui a la plus grosse.
Mais…Qu’elle se retourne et le dévisage, il se cache la tête dans les épaules, fait celui qui regardait le porte-bagages, celui qui détaillait l’anti-vol…
Pauvre schnock malgré son armure et ses pare chocs de safari…Il se sent alors comme une chiure de mouche sur sa carrosserie.
Les Malpolis, de l’album « La fin du retour de la chanson »
Stéphane Passeron