Entre rêves et réalités

Depuis vingt-huit ans que Thierry Sabine a réalisé pour la première fois son rêve de course automobile à travers les sables de l’Afrique du nord et de l’ouest, le Dakar soulève chaque hiver la même polémique quand la fureur de son sillage laisse des morts sur la piste. Des pilotes et des spectateurs. Encore trois tués cette année, quarante-huit depuis l’origine de l’épreuve. C’est trop, beaucoup trop et l’on ne peut que partager l’émotion et l’indignation de ceux qui crient : « Assez ! »
Faut-il pour autant arrêter le Dakar ? Envisagerait-on un instant d’interdire toute circulation automobile parce que l’implacable évidence des statistiques annonce autour de 5 000 morts dans l’année sur les routes de France ? Personne n’y songe, pas plus qu’il n’est proposé d’interdire les Grands Prix de F1 ou le Rallye de Monte Carlo au motif que se profile un peu plus chaque jour la possibilité d’un monde sans pétrole.
Du pain et des jeux, l’homme est ainsi fait qu’il ne saurait vivre sans chercher perpétuellement à repousser les limites de ses capacités, au péril même de son existence, et à faire de cette prise de risque un grand spectacle. Des gladiateurs aux Jeux Olympiques contemporains, l’homme a raffiné l’art de mettre en scène le théâtre de son combat contre lui-même et entre soi. Ainsi va toute vie dont la plus fidèle compagne est la perspective d’une mort inéluctable. Les enceintes des matches de football sont heureusement moins sanglantes que les arênes romaines. Pourtant, des tribunes s’effondrent, des bateaux de course font naufrage, des cordées se perdent encore sur les plus hautes cimes.
Le Dakar est aussi inutile que les championnats de football, le Vendée Globe ou la Vasaloppet, sauf que, faibles humains que nous sommes, la vie nous serait bien ennuyeuse si rien de tout cela n’existait.
Dans un débat épique dans les pages sportives du journal, mercredi 18 janvier 2006, avec Michel Urvoy, chef du secteur économique et social d’Ouest-France qui réclame « qu’on ensable le Dakar, spectacle d’une France pleine aux as qui empoussière les esprits plus encore que les yeux », Jean-Claude Virfeu, reporter sportif du journal spécialiste des sports mécaniques, plaidait pour que « ce rallye-raid, épreuve fantastique pour ses participants, continue de faire rêver ceux qui la suivent d’Europe. »
Alors, il faut sécuriser le Dakar, limiter sans aucun doute la puissance des machines, redoubler d’efforts pour mieux préparer les concurrents et mieux informer les spectateurs. Mais il est temps surtout de cesser de porter sur ce continent africain des regards hypocrites.
Non, ce n’est le spectacle d’une aventure automobile qui épuise et pervertit l’Afrique, mais le pillage de ses ressources, le détournement de ses cerveaux, l’incontrôle de la maigre part de gâteau qui lui est consentie sous les noms d’aides ou de subventions, la corruption tolérée, le commerce « équitable » empêché, l’immigration et le tourisme sexuels acceptés, l’assistance médicale limitée.
Tous ces vrais maux, encore énumérés au Forum social de Bamako, font moins de bruit aux journaux de 20h qu’un mort sur la piste du Dakar … ou qu’une baleine asphyxiée dans la Tamise. Une mort évitable est toujours regrettable. Mais les œillères dont nous couvrons nos regards face aux réalités de ce monde africain en perdition, cela se nomme comment ? Un crime contre l’humanité dont nous sommes collectivement co-responsables. Un crime contre l’humanité qui ne déclenche même pas une bonne polémique annuelle, c’est dire combien nous en faisons réellement peu de cas.
Par Didier PILLET, lundi 23 janvier 2006 Ouest France
http://blog.ouest-france.fr/index.php/?2006/01/27/19-le-dakar-entre-reves-et-realites
COMMENTAIRES

Humaniser le Rallye
jeudi 26 janvier 2006 à 15:37, par Arab Hamid (Le Mans)
En liminaire, je pose la question : qu’apporte concrètement le Rallye aux villages qu’il traverse telle une tornade ? En revanche je pense que pour les organisateurs, ce raid mécanique est une manne insondable, eu égard à la débauche de publicité qui « égaie » les véhicules et autres. Prenons le circuit à l’envers maintenant : est-ce l’Espagne et la France ou le Portugal accepteraient le passage de bolides venant du sud de la Méditerranée et traverseraient les paisibles villages de ces respectables pays aux mêmes pointes de vitesse qu’ils atteignent au Maroc, en Mauritanie et au Sénégal ? Non. Aucun politique ou organisateur de circuit sportif ne songerait, ne serait-ce qu’une seconde, à une pareille idée. On me rétorquera qu’il y a le Monte Carlo, etc. Oui, mais il faut reconnaître que les mesures de sécurité sont quasiment incomparables avec celles pratiquées pour le Rallye Paris-Dakar. Ce n’est pas seulement une question de performance ni de repousser les limites de la performance. Non, mais c’est une question également de respect des autres. Ce n’est pas parce que ces populations du Sud vivent sous des régimes par ailleurs pseudodémocratiques, donc à la merci de dérives qu’il serait fastudieux de citer ici, qu’il faut enfoncer encore plus le clou en cautionnant des équipées-spectacles de tout acabit. Outre les accidents maintenant habituels, il ya lieu de se poser la question de l’impact de ce rallye sur la nature ? Ce rallye (même si cela paraît excessif) me fait penser un peu aux émirs de certains pays moyen- orientaux qui venaient chasser dans le sud algérien avec leur tout-terrain et des armes sophistiquées la gazelle ou l’outarde houbara, des espèces rares et protégées.
Je pense qu »il faut repenser ce rallye afin qu’il ne soit plus une tournée de « plaisir  » et de sensations fortes pour quelques richissimes sportifs ou publicitaires. L’humaniser et en faire un trait d’union entre les peuples de la Méditerranée.

Dakar, la goutte d’eau qui fait déborder le désert
samedi 28 janvier 2006 à 09:18, par Jacques Guezenec (Longjumeau)
Dans votre article, vous semblez justifier le Dakar par le fait que si l’on supprime cette épreuve, on devrait aussi supprimer les autres sports qui provoquent des décès (et même la circulation automobile).
Le problème est fort différent. Le Dakar fait beaucoup plus de décès par épreuve que n’importe quel autre épreuve (automobile ou non) .
Pour prendre les cas les plus proches, ceux de la formule 1 et ceux des Rallyes automobiles du championnat du monde, les accidents entraînant mort d’homme sont en fait très rares.
Par ailleurs, les sports comme la F1 ou les Rallyes sont très médiatiques (donc plaisent aux spectateurs et téléspectateurs). Pas le Dakar.
Quelles sont les raisons d’exister du Dakar aujourd’hui ? Le rêve d’aventure d’une poignée d’hommes riches ! Si j’osais, je comparerais cela à de la téléréalité : faire parler de soi (et en plus, cela ne marche pas !) : c’est de l’egocentrisme au détriment des habitants de ces régions à al dérive (que cet argent leur soit donc directement alloué !) , et un contre exemple d’un monde altermondialiste et écologique

Paris-Dakar : arrêtons le massacre ! (rappel du communiqué des verts)
samedi 28 janvier 2006 à 10:39, par herrou jacques (plestin les greves)
lundi 16 janvier 2006
Imagineriez-vous une épreuve « sportive » dans nos campagnes bretonnes qui, en 25 ans, aurait fait quelques dizaines de morts, concurrents et spectateurs confondus, et qui serait toujours télévisée et sponsorisée ?
Non, bien sûr !
Alors pourquoi le « Paris-Dakar » qui vient encore de tuer un motard et un petit guinéen existe-t-il encore ? Cette épreuve n’aurait-elle pas quelques relents nauséabonds de racisme et de néocolonialisme ?
La promotion de la vente de 4×4 polluants et dangereux exige-t-elle de ravaler l’Afrique au rang de décor publicitaire ? Dans quelques années, la loi exigera-t-elle que nos enseignants classent le « Dakar » parmi les apports positifs de la colonisation française ?
Un peu de décence, arrêtons le massacre !lesvertsbretagne.org

Il y en a aussi en France
samedi 28 janvier 2006 à 11:53, par Michael (Maurepas)On tape sur le Paris-Dakar, mais il y a aussi régulièrement des morts chez les spectateurs dans les rallyes-raides organisés en Europe. Ce n’est pas pour autant que les courses sont annulés.
Quand il y a eu comme dans certains stades des morts, on a pas arrêté les matchs de foot.

oui mais….
samedi 28 janvier 2006 à 18:33, par besnier louis (grasse) au Monte Carlo les spéciales sont annulées s’il y trop de spectateurs ou si la sécurité n’est pas assurée.

la honte !
lundi 30 janvier 2006 à 15:05, par GULCZ MARIE ANNICK (CARDROC)
Tuer des enfants pour le divertissement d’Européens qui, bien sûr, ne toléreraient pas que des véhicules traversent leurs villages ou villes à des vitesses criminelles, cela relève du racisme primaire. C’est comme si on disait: la vie d’un enfant de là-bas ne vaut pas celle d’un petit Européen. Il faut arrêter de regarder le Dakar et les journaux devraient aussi arrêter de le couvrir. M-A. G

Encore combien de victimes collatérales ?
lundi 30 janvier 2006 à 18:35, par EVEILLE xavier (PLOUHINEC)
Encore combien de morts faudra-t-il attendre avant de sérieusement repenser le Paris-Dakar ? Combien de victimes collatérales ? Quel est le quota acceptable ? Je pense que l’inacceptable a été franchi depuis longtemps. Je pense aussi qu’il est de la responsabilité des organisateurs de renforcer plus que sérieusement la sécurité, de baliser le parcours de barrières s’il le faut, même si cela fait moins raid « nature » ou raid « sauvage ». Je rejoins totalement M. Hamid : je m’apprêtais à écrire un peu la même chose que lui : comment percevrions-nous la venue d’un rallye américain à grand renfort de publicité qui vendrait chaque année écraser un spectateur voire plusieurs ? Je ne pense pas que la France autoriserait la reconduction d’une telle épreuve.

Dakar pourquoi pas mais sous conditions
mercredi 01 février 2006 à 10:26, par GOUPY Gilbert (SAINT-HERBLAIN)
Pour l’heure le Dakar n’est qu’un joujou pour riches en mal d’aventures « encadrées quand même », mais sans avantages pour les populations des pays traversés.
Daniel Balavoine avait au moins saisi l’opportunité qu’il avait de traverser ces pays et usé de sa notoriété pour les aider.
Le Dakar retrouvera grace et popularité lorsque, en plus de la sécurisation du parcours, l’organisation en profitera pour apporter son aide à ces populations.
Il faudra bien inclure un jour une notion de partage, sans quoi il naîtra des sentiments d’incompréhension voire d’envie justifiée envers des « riches » qui viennent narguer les pauvres, eux qui n’ont souvent même pas le minimum.
Cordialement

Et si…….
vendredi 03 février 2006 à 10:23, par Eric BERTHENAND (LOCMIQUELIC)
Il est vrai que l’on n’a jamais vu de concurrents du Dakar cracher sur les spectateurs.
Il est vrai que les spectateurs ne se battent pas entre eux pour telle ou telle couleur de voiture
Il est vrai que dans le Dakar on n’entend pas (encore) parler de dopage
Il est vrai que personne ne parle de coter les concurrents du Dakar en bourse.
Et si on rendait cette aventure aux amateurs pour qui gagner n’est pas un signe de réussite professionnelle?
Et si on gardait les véhicules de Monsieur tout le monde (à part la sécurité, renfort d’habitacle,…) avec un minimum de pièces de rechange?
Et si on imposait des temps mini d’étape avec plus d’épreuves de navigation et de pilotage en terrain difficille (zone de franchissement, forts dénivelés, ….)?
Et si on raccourcissait les spéciales (car cela reste aussi une course) pour pouvoir gérer plus facilement la sécurité des spectateurs??
Et si on sponsorisait davantage les sacs de riz, équipements scolaires, ….
Et si on réfléchissait un peu en ménageant toutes les susceptibilités?
Et si on se disait qu’il y a certainement un terrain d’entente entre le pour et le contre??

Suppression pure et simple
lundi 06 février 2006 à 18:50, par GAUTRON Henriette (Larmor-Plage)
Nous avons été tellement outrés par l’accident survenu à cet enfant, que nous demandons la suppression pure et simple de ce rallye, ainsi que la suppression de tous les rallyes et courses automobiles. Ce n’est pas du sport, c’est un gaspillage éhonté de carburant. On crie après la diminution des réserves de pétrole, après la pollution atmosphérique et tous les médias publient des pages, diffusent des émissions pour encenser des vainqueurs qui ne se soucient absolument pas d’environnement du moment qu’ils gagnent des sommes énormes.
Pour en revenir au Dakar, nous avons été indignés par la réaction du vainqueur qui, voulant exalter sa victoire, a occulté le drame de la mort du petit garçon.
Je n’ai lu ou vu nulle part la douleur de sa famille, personne n’a parlé d’une compensation ! On n’ose pas penser au « tintouin » qu’auraient fait les médias si un des pilotes avait tué un petit Français ou un autre pilote.
Il est de notoriété publique qu’un enfant africain n’a aucune importance, « ils en ont tellement ! « . La passion de la vitesse l’appât du gain et le mépris d’autres civilisations rendent les humains « des loups pour les autres hommes ». Triste constat !

Paris-Dakar le pire!

On aura tout dit, tout lu, tout entendu à propos de la course Paris-Dakar. Les pour, les contre, ceux qui se moquent de la sécurité, ceux qui feignent de s’y intéresser et de venir en aide à l’Afrique, ceux qui justifient tout et ceux qui condamnent tout ce qui roule… Mais un chiffre demeure. Pesant, précis, incontournable : 48 morts depuis 1979 ! Et un autre est tu : Ce que rapporte tout cela aux médias en général, à la télévision de service public en particulier !
Des concurrents mais aussi des jeunes tués par les bolides même ralentis dans les villages ou sur la piste ensablée de ce Dakar mortel chaque année.
48 dont 17 personnes qui n’avaient rien à voir avec la course. 17 de trop ! Les autres pouvant être considérés comme des accidents du travail en tant que pilotes professionnels diraient quelques cyniques.
La vie a un prix !
On peut avancer tous les arguments pour se donner bonne conscience (les africains aiment le Dakar, l’attendent, en tire des bénéfices y compris que « ces gens là ont un autre rapport à la mort de leurs propres enfants » !!! )
Il n’empêche, une course qui est mortelle chaque année ne s’interdit jamais de repartir sachant que d’autres enfants vont succomber à nouveau.
Certains rétorquent que la route tue aussi en Europe, que les rallyes sont dangereux partout, que l’Afrique aussi a ses morts de la route, etc.
Mais on oublie de dire que Paris-Dakar s’impose à l’Afrique depuis le début et qu’à chaque difficulté de passage, il y a un Monsieur « bons offices », les poches bien garnies pour décider les pays les plus hésitants à laisser passer le Dakar. D’ailleurs cette course est devenue un tel enjeu pour les sponsors divers et surtout les marques autos-motos qu’il n’est plus question d’interdire le Dakar. Ce qui n’est jamais formulé ainsi notez bien. Ni même que l’Afrique n’a jamais été aussi pauvre depuis vingt ans.
Pour quelques sous, la télévision publique dans le coup !
Enfin il y a plus grave : qu’une chaine publique de télévision soit obligée de diffuser cette course mortelle pour respecter un contrat avec ASO qui signe par ailleurs un autre contrat pour le Tour de France avec le même service public, parait aberrant !
La télévision publique n’est donc pas libre de dire non même si certains de ses décideurs en ont envie. Belle liberté du business ! Belle leçon de morale démocratique ! Bel exemple d’aveuglement pour les entreprises qui soutiennent le Dakar et bel acte de courage pour les journalistes chargés de « vendre « l’évènement mortel !
Pour ma part, je refuserai toujours de couvrir le Dakar en tant que journaliste et que citoyen. La clause de conscience de la Charte des Journalistes ce n’est pas pour les chiens !
Reste la question qui fâche pour ne pas dire qui tue : si une bande d’africains assoiffés de sensations fortes sur des bolides surpuissants s’amusaient à dévaler les pentes de nos montagnes parce qu’il n’y a pas l’équivalent dans leurs pays en tuant chaque année deux ou trois de nos enfants, continuerait-on à autoriser cette course pendant plus de vingt ans ?
C’est hélas parce qu’on connait la réponse que la honte nous poursuit un peu plus encore…
vendredi 3 février 2006 par Alain VERNON
http://www.info-impartiale.net/article.php3?id_article=229

Hypocrisie et Bilan

L’hypocrisie du DAKAR, hypocrisie capitaliste
Publié le 24 janvier 2006
Les opposants au Dakar et les pro-Dakar se livrent une véritable bataille. Course assassine et polluante contre course bienfaisante économiquement pour les pays africains. La polémique que la course soulève est en réalité une polémique mondiale qui est née à cause du capitalisme. La question n’est pas de savoir si le Dakar a un rôle positif ou négatif, la question est plutôt : L’argent est-il plus important que tout ? Est-ce que la mort de quelques personnes par an et la pollution de notre planète valent-elles un apport économique quel qu’il soit ? A cette question, je répond non. Parce que je dis aussi non au capitalisme et à la fracture Nord-Sud. Et parce que je refuse surtout que l’on monnaye un coin de notre planète pour aller faire « joujou » avec des voitures que nous-mêmes -les occidentaux- nous n’acceptons que difficilement dans nos villes. L’Afrique appartient aux « pays pauvres », jamais elle ne refusera le Dakar. Ce continent est otage du capitalisme, il n’a pas le choix : pour survivre il doit accepter le DAKAR. Mais nous, nous avons le choix ! Nous ne pouvons pas nous permettre de faire des pays du sud une véritable décharge mondiale au non de leur bien-être financier ou matériel. Arrêtons l’hypocrisie ! Alors je pose la question : A quand une solidarité mondiale ? Une solidarité mondiale avec pour seul intérêt la pureté de notre planète et le bien-être de ses 6 milliards d’habitants ? Car de toute façon, avec ou sans le DAKAR, l’Afrique et les pays du Sud ont besoin de nous.

Bilan du Dakar 2006 : 3 morts
Publié le 26 janvier 2006
Un participant décédé c’est triste, mais il savait les risques en participant au Dakar, mais le décès de deux enfants de 10 et 12 ans, heurtés par des véhicules durant la course, c’est dramatique et pourtant cela laisse presque sans réaction les participants et organisateurs du rallye, comme ce témoignage de Luc Alphand, vainqueur de la catégorie auto, et qui déclarait : « Je n’aimerais pas que ça arrive devant ma voiture. Dans ce cas-là, peut-être que ça pourrait changer ma vision des choses. Mais si tu ne vas pas au ski, tu ne mourras pas dans une avalanche. »
Quelle course automobile, aurait continué si ces drames se serait passé sur le territoire français ou en Europe ? La vie de deux petits Africains a-t-elle la même valeur que celle de deux petits Européens ? Les responsables du Dakar ont dit vouloir continuer à travailler pour que cela ne se reproduise plus, nous verrons bien mais j’ai peur qu’il y ait d’autres décès à l’avenir. Quand les riches s’amusent chez les pauvres, voilà comment je défini le Paris-Dakar.
Il faut vraiment s’interroger sur la poursuite du rallye. L’argent qu’il procure aux villages, les puits que l’on fore, doivent pouvoir être apportés aux populations Africaines où passe le Dakar sans que des vies ne leur soient volées.
Arnaud Mouillard – http://hern.over-blog.com

Rallye Dakar: les questions qui dérangent

Le rallye Paris-Dakar officie depuis 28 ans déjà et les résultats sont paraît-il palpables et évidents : Le chanteur Renaud ne s’y est pas trompé en 1991 en lui dédiant illico « 500 connards sur la ligne de départ »:
http://www.paroles.net/chansons/10054.htm
28 ans d’une ruée de nantis pour d’aucuns convaincus d’apporter du rêve en faisant étalage de leur insolente richesse,
28 ans de profits des multinationales de l’automobile et des médias occidentaux,
28 ans de lucre surtout, puisque bien des organisateurs et des sociétés privées émargent au registre des bénéficiaires des subventions publiques payées par nous, contribuables.
Pour donner du crédit et une bonne conscience à ce rallye indécent, les organisateurs ont fait appel à un mot qui est très valorisant auprès des européens et tout particulièrement cher à l’opinion française : « HUMANITAIRE ».
Nous avons 2 semaines chrono pour parler humanitaire en agitant nos calculettes.
ASO (Dakar.com) tiendra comptabilité jour après jour des innombrables bienfaits dont il couvrira l’Afrique dès le 2 Janvier 2006. En principe, ce Raid 2006 devrait dépasser toutes nos espérances.
Les participants partis du Portugal et de l’Espagne rejoindront le Maroc, la Mauritanie, le Mali, la Guinée pour finir au Sénégal.
Nous avons déjà la certitude qu’il n’y aura pas de tirs espagnols et marocains ni d’abandons de participants dans le désert par les autorités de ces deux pays comme ce fut le cas il y a quelques mois pour les candidats maliens, guinéens et sénégalais. Une première avancée donc.
Mais nous attendons plus. Qu’ ASO communique la liste de ses bonnes œuvres 2006 en terre africaine.
En attendant, nous aimerions nourrir notre réflexion et essayer de répondre en toute objectivité à ces questions posées par Thierry T. MANGOUA :
Sur GRIOO.com http://www.grioo.com/info5995.html
Lesdites questions sont restées sans réponses jusqu’à présent..

Le débat sur la colonisation, l’immigration, l’esclavage et les relations franco-africaines n’exige t-il pas un temps soit peu de se poser quelques questions sur l’adéquation de ce rallye?

Pourquoi l’Afrique malgré sa misère reste t-il un terrain de jeu pour les européens alors que dans le même temps les africains n’ont pas droit de cité en Occident ?

A quelles fins sont utilisés les fonds octroyés aux autorités africaines dont le rallye traverse le pays ?

Qui paye le coût de la pollution causée par cet évènement ?

Qui paye les dégâts matériels causés par la destruction des routes africaines après le passage du rallye ?

Dans quelle édition du Rallye et à quel moment les participants et les organisateurs songeront-ils à marquer un temps d’arrêt à l’île de Gorée pour honorer ces milliers d’africains qui ont payé de leurs vies pour le « luxe » dans lequel certains occidentaux vivent aujourd’hui ?

Dans quelle édition les européens accepteront-ils que le Rallye se fasse dans le sens inverse : Le Dakar-Paris avec des centaines d’africains qui déambuleront avec leurs chameaux sur les champs élysées ?

Nous attendons impatiemment les réponses argumentées d’ASO et de Etienne Lavigne puisque comme d’habitude, les autorités africaines des pays traversés, l’UA et l’ONU resteront silencieuses, laissant une fois de plus violer l’Afrique pour quelques euros de plus en nous présentant le Paris-Dakar comme l’effet positif de la colonisation dont il ne faut surtout pas se débarrasser.

Arrêtez le massacre!

Il était Team Manager, son témoignage
Un enfant de 10 ans vient encore de mourir à cause de l’imprudence et de l’esprit colonialiste des participants à cette épreuve ! Dans les statistiques publiées, on ne parle que des concurrents morts pendant cette course… 25, c’est déjà énorme ! Mais si on devait ajouter les enfants blessés, décédés… à quel chiffre en serait-on ?
En 1985, alors que j’étais jeune et con, j’ai moi même participé au Paris-Dakar en tant que team manager. C’était mon premier contact avec l’Afrique et je croyais m’engager dans une aventure humaine. J’ai malheureusement vite déchanté… Les grandes écuries de constructeurs commençaient à arriver et les enjeux étaient importants, tant médiatiques que financiers. Malgrès les recommandations de Thierry Sabine, peu de pilotes « levaient le pieds » lors de la traversée des villages ou des zones peuplées, et je n’ai jamais entendu parlé d’un concurrent disqualifié pour avoir renversé un enfant ! La course continue… Lorsqu’un motard meurt pendant une étape, on avance l’heure du départ suivant pour respecter une minute de silence à sa mémoire et on neutralise l’étape du jour… Pourtant ce motard savait à quoi s’en tenir en tant que professionnel de la compétition. Lorsque l’on l’on tue un Africain, on ne s’arrête même pas !!! Le chrono tourne, et… on a peur de se faire lyncher par la population…
Petites anecdotes démontrant l’état d’esprit des organisateurs :
– Lorsque j’ai pris par à cette épreuve, toute la nourriture, toute la boisson (et une partie des carburants) étaient importés de France, par Africatours, à l’époque. Le bivouac était organisé de manière à ce que les population locales n’en tirent aucun profit, si ce n’est celui de ramasser les barquettes alu vides et les canettes abandonnées…
– L’organisation n’a jamais accepter de ramasser les épaves de voitures et motos accidentées, arguant même que cela pouvait servir aux populations autochtones, spécialistes de la récupération… L’Afrique doit être une poubelle ! Le même comportement en France est passible de fortes amendes.
– Je ne parle pas des conseils que Thierry Sabine donnait aux concurrents lors du premier briefing, concernant les mises en garde contre les populations des pays traversés…
Une note positive, bien que personnelle. Ayant du abandonner la course assez rapidement, je la poursuivais à mon rythme et pu découvrir ce continent auquel je me consacre depuis dans une toute autre idée, celle du partage des cultures et des valeurs de l’Afrique avec un public français encore plein d’idées reçues et d’appréhensions.
Continuez votre lutte. Les « canonballs » sont depuis longtemps interdits aux Etats-Unis et en France, et les participants à ces épreuves illicites sont passibles de peines de prison. Mais l’Afrique est un si pratique terrain d’essai…
Bertrand Dubanchet
Association Mémoires et Cultures Orales.

réflexions d’éditorialistes

Des éditorialistes reviennent, samedi 14 janvier 2006, sur la mort d’un enfant guinéen lors de la 13 è étape du Paris-Dakar.

Gilles Dauxerre LA PROVENCE
 » (…) Non! Si ce petit garçon est mort, c’est parce que les pistes africaines continuent de servir de terrain de jeu à des amateurs de vitesse européens qui ne peuvent pas assouvir leur passion violente chez eux. Passe encore qu’ils effraient les chameaux et les scorpions dans les dunes du Sahara, en faisant aussi abstraction de la pollution qu’ils infligent au désert. Mais leur course folle au milieu des villages du Mali, de Guinée ou du Sénégal est devenue criminelle. L’Afrique qui se débat dans des problèmes politiques, économiques, sociaux et sanitaires incommensurables, mérite autre chose. Les pseudos aventuriers du rallye « Dakar » seraient mieux inspirés d’investir leur argent et leur énergie dans des programmes d’aide efficaces et moins meurtriers. Certains, concurrents, comme Bruno Saby, ont heureusement pris conscience des dangers de cette course automobile en s’interrogeant sur sa pérennité. En disant « stop », ils sauvent, au moins, notre honneur. »

Le petit Boubacar Diallo ne doit pas passer par les profits et pertes d’une compétition « inhumanitaire ». On préfèrerait qu’il soit vivant et faire notre deuil du Dakar. »

Jacques Camus LA REPUBLIQUE DU CENTRE
« Il y a vint ans, jour pour jour sur le Paris-Dakar, l’hélicoptère de Thierry Sabine s’écrasait dans le désert malien. En ce samedi, l’anniversaire sera triste, encore plus triste, parce que, d’année en année, le « Dakar » n’en finit pas de laisser des morts sur son passage et de pleurer de nouvelles victimes. (…) Les opposants au « Dakar », qui prêchaient dans le désert depuis quelques années, vont assurément retrouver des arguments (et surtout une écoute) pour dénoncer les méfaits de cette néo-colonisation motorisée. Leur combat s’était quelque peu enlisé dans les sables de l’idéologie, et l’indifférence du grand public était le plus sûr allié des organisateurs. Ce n’est sans doute pas par hasard qu’ils ont éliminé depuis deux ans tout trajet en France. Il ne fallait pas, par d’intempestives manifestations, gâcher la fête des fanas de la « libre circulation automobile ». Il reste qu’aujourd’hui, il devient de plus en plus difficile de justifier une hécatombe inutile.

Ave, Paris-Dakar!

Libre adaptation du texte Avé César de David Grossman

Persévère, ô Paris-Dakar. La mort nous guette à chaque instant, mais toi, notre maître, persévère. Ne laisse pas nos vies et nos morts misérables se mettre en travers de ton chemin. Tu as un plan. Nous en sommes sûrs. Et pour cette raison, nous sommes persuadés que tout ce que nous voyons autour de nous n’est que le prélude d’un futur radieux, une idée brillante qui, un jour, changera la face du monde.
Tu sais, l’air désespéré de l’Afrique n’est qu’une façade. Elle n’a pas vraiment le sentiment d’abriter des morts-vivants. Nous croyons à tes promesses de développement, ô Paris-Dakar.
Nous le sentons venir à grands pas ailés. Tu forceras nos ennemis (les ANTI) à nous aimer, quoi que nous fassions. Tu nous débarrasseras des obscures voix discordantes, et à la place, tu installeras des célébrités plus accommodantes et moins regardantes. Et alors, en un clin d’œil, le cœur de nos ennemis se remplira d’amour pour nous. Ils nous pardonneront toutes nos mauvaises actions, et même, ils les justifieront, et ils reconnaîtront qu’elles avaient un but.
Nous n’avons aucun doute sur ta capacité à réinventer la nature humaine, et nous savons que tu es l’ évènement qui saura façonner ce continent, et l’amener à accepter ce que nous lui offrirons, et même à accepter ton refus total de lui donner quoi que ce soit. Ce n’est pas parce que personne, quelle que soit sa puissance, n’a jamais réussi à perpétuer une telle occupation, dans de telles conditions, que c’est une loi de la nature.
Nous pouvons être les premiers ! Pourquoi pas ? Seulement, nous t’en supplions, il faudrait que tu bouges. Parce que, comment dire ? Il ne restera bientôt plus personne. Ni sponsors, ni participants.
Illustre Paris-Dakar, les temps sont un peu durs, au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, mais tu l’as remarqué, bien sûr. Mais tu es fort, bien plus fort que nous, il n’y a pas de doute. Nous sommes faibles, obnubilés par l’appât du gain, la recherche de notoriété. C’est pour cela que nous avons besoin de toi, pour nous conduire avec ta riche et puissante caravane, l’une des plus fortes du monde, vers un avenir nouveau, le temps du Loisir-Colon, comme on pourrait l’appeler (comme nous le faisions dans les années 50). Un avenir où chaque fois qu’un imprudent nous critiquera, nous frapperons en retour ! Ils nous vilipendent ici ? Nous les musèleront là. Ils mènent des guérillas sur le net? Nous userons de nos missiles de silence médiatiques. Quel déluge, et quelle idée géniale ! Ça, c’est ce qu’on peut appeler exploiter sa force à plein !
C’est vrai, parfois, l’ombre d’un doute s’insinue dans nos pensées délétères, sur les différentes définitions du courage et de la lâcheté, de la foi et du défaitisme. Il arrive qu’un petit démon antipatriotique nous murmure à l’oreille que peut-être, nous ne devrions pas être là et qu’il faudrait peut-être essayer de nous tirer de là.
Quelquefois, des langues bien pendues ont le culot d’insinuer qu’avec les cartes absolues que nous avons en main, le désespoir, le comportement barbare , nous pourrions, d’une façon ou d’une autre, mieux nous comporter.
Mais, évidemment, pour répondre à cela, nous avons un argument irréfutable : nous avons déjà essayé ! Nous leur avons tout offert, c’est un continent peuplé d’incapables et de paresseux ! Alors, à l’unisson, nous déclarons : « Mourons avec les Philistins ». Ça leur apprendra !
Parfois, il faut le dire, nous nous y perdons un peu. Pardonne-nous. Quand nous écoutons certains témoignages, nous commençons à nous demander si le plan est si intelligent et sophistiqué que cela, et s’il a vraiment des réponses à l’apocalypse qui se produirait si ces actions perduraient.
Nous commençons à nous demander si, au nom de nos objectifs ludiques, tu n’as pas pris la décision stratégique de déplacer le champ de bataille, non chez l’ennemi comme il est d’usage, mais vers un domaine où règne la révolte la plus totale, celui de l’auto-anéantissement, où nous n’obtiendrons rien, et eux non plus : Un gros et gras zéro.
Mais ce ne sont que des vétilles, des pensées passagères. Tes loyaux sujets n’ont aucun doute sur ta sagesse et ta vision. Très bientôt, il apparaîtra à tous qu’il y avait une raison profonde pour jouer de cette façon absurde, pendant des années, et pour accepter de « suspendre notre incrédulité », comme au théâtre, en attendant que l’intrigue se dénoue et que le secret se révèle.
Quand, finalement, nous seront révélées ces raisons, qui pour le moment sont au-delà de notre entendement, nous continuerons encore à te soutenir de tout notre cœur. Nous qui allons continuer de mourir, par dizaines, nous te saluons.

Ave, Paris-Dakar, Morituri te Salutant!

Le Dakar et la beauté du sport

Le sport, le dépassement de soi, le goût des défis … Voilà ce que l’on entend depuis quelques jours dès que l’on aborde la course du Paris-Dakar. Aujourd’hui, nous avons eu droit aux hommages répétés à monsieur Sabine, fondateur de cette course stupide dans le désert même si on peut lui accorder une légitime passion pour l’automobile. Si l’on ajoute à cela que Balavoine était aussi de ce dernier voyage, on comprend que nos chères télévisions endormies se précipitent sur cette actualité. On oublie simplement que ces deux personnages, et d’autres, ont été tués non en voiture ce qui pourrait sembler logique dans un rallye automobile, mais dans un hélicoptère. Le Dakar n’a aujourd’hui plus grand chose à voir avec un défi sportif tant les camions, les hélicoptères, les GPS et autres outils informatiques font de cette course un simple miroir d’inégalités financières et technologiques. Si on a une quelconque sensibilité environnementale, on comprend encore moins le sens de cette course qui pollue un milieu naturel bien plus fragile qu’il n’y paraît, le désert.
Toutes aussi désertiques furent les commentaires sur la mort d’un jeune guinéen d’une dizaine d’années venu avec ses parents admirer le spectacle … Il ne s’agit pas ici de faire de la repentance anti-coloniale ou de supposer les organisateurs de racisme. Il s’agit simplement de douter de l’opportunité d’une course qui n’a de défi à relever que celui de l’ensablement et de la chaleur, mais qui surtout est chaque année meurtrière. La mort de ce gamin serait profitable si elle entraînait une révolution du Dakar: pourquoi ne pas faire la course à pieds, en chameaux ou dromadaires ? Ou si l’aspect automobile de la course est si essentiel, pourquoi ne pas en faire un outil de promotion des véhicules propres en utilisant des voitures entièrement propres ? Le sport n’en serait pas moins beau….
Mais rassurez-vous, amis lecteurs et fans de ces exploits sportifs, la course n’est pas en danger. Comme un clin d’oeil, alors que je venais de publier les lignes ci-dessus, Le Monde indiquait sur son site internet qu’un deuxième enfant, de 12 ans, avait été tué aujourd’hui même. Mais il n’est bien entendu pas question de changer les habitudes ni de remettre en cause le podium qui sera l’occasion d’une effusion de joie des héros du désert. Après tout, qu’est-ce que la vie d’un enfant ? D’autant que le hasard fait bien les choses: l’accident, provoqué par un camion d’assistance, donc entraînant une responsabilité de la course, a eu lieu sur une route nationale, de quoi déculpabiliser les partisans de ce défi; et puis, la famille étant musulmane, l’enfant sera inhumé dans les prochaines heures, de quoi étouffer plus vite ses cris et l’éventuelle émotion qui aurait pu nous frapper. Comme disent les cons dans ces moments-là, vive le sport!
http://www.u-blog.net/jaimelapolitique/note/90
Forum de l’article

je me demande bien ce que nous dirions si les sénégalais organisaient chaque année le rallye Dakar Paris et s’ils écrabouillaient des gamins en traversant des villlages du larzac ?

L’afrique n’est plus que le terrain de jeu, la décharge des occidentaux : elle asphyxiée par notre commerce unilatéral, nos industries alimentaires ou pharmaceutiques sans scrupules, vidée de ses ressources, détruite par la famine et le SIDA (que nous n’aidons pas à vaincre en gardant nos politiques scandaleuses envers ce continent)

Bref, les africains, tout le monde s’en branle…alors un gosse écrasé sur une piste….
2006-01-15 14:36:17 de amelichan
pour le rallye ok mais j’avoue que je ne suis pas d’accord avec ton deuxième §
2006-01-15 20:11:28 de torvik
parce que tu considères que nos gouvernements font en sorte que l’Afrique se développe? il suffit de voir les négociations de l’OMC pour voir que beaucoup de politiques d’aide au développement ne sont que des façades…
2006-01-15 20:20:54 de amelichan
oups ça a bugué…
Donc je disais que faire une course dans le désert ca me dérange pas trop mais passer dans des village ou même à proximité je trouve ça débile… Qu’un motard se tue : c’est dommage mais il connaissait les risques et quand on se crash à 140km/h c le cimetière assuré… mais que 2 enfants meurent c’est un scandale…
Le Dakar ça me fait penser à ces safaris du 19ième faits par de riches aventuriers… ça sert à rien et c’est dangereux pour tout le monde …

Pour le débat : c’est clair que l’Afrique est déconsidérée par les politiques occidentales mais comme dirait mon prof de géo africaine : le problème vient aussi du manque de maturité de l’Afrique notamment de l’ouest…
2006-01-15 21:08:35 de matthias
l’Afrique a besoin d’aide, c’est indéniable mais l’Afrique a aussi besoin de prendre son destin en main, de montrer qu’elle veut s’en sortie, de chercher l’union plutôt que la division
2006-01-15 22:13:29 de torvik
c’est vrai tu as raison, mais nos politiques (notamment commerciales) sont loin d’aider leur situation. Je prends un exemple : pour prendre son destin en main, il faudrait pouvoir exporter ses produits ou ses services, hors les subventions agricoles des européens ou américains créent des situations scandaleuses : trouver notamment du coton américain au Mali moins cher que le coton malien ! De plus, nous n’ouvrons pas suffisamment nos marchés pour eux.

Mais je pense aussi qu’il y a une tradition occidentale a considérer l’Afrique comme une proprieté : le rallye en est un bon exemple. J’aimerais savoir si les sponsors de la course, total, france télévision,etc… utilisent les profits gagnés pour faire quelque chose là bas où se content-ils de polluer les contrées et d’écraser les gosses?
2006-01-16 08:13:58 de amelichan
Un participant décédé c’est triste, mais il savait les risques en participant au Dakar, mais le décès de deux enfants de 10 et 12 ans, heurtés par des véhicules durant la course, c’est dramatique et pourtant cela laisse presque sans réaction les participants et organisateurs du rallye, comme ce témoignage de Luc Alphand, vainqueur de la catégorie auto, et qui déclarait : « Je n’aimerais pas que ça arrive devant ma voiture. Dans ce cas-là, peut-être que ça pourrait changer ma vision des choses. Mais si tu ne vas pas au ski, tu ne mourras pas dans une avalanche. »

Quelle course automobile, aurait continué si ces drames se serait passé sur le territoire français ou en Europe ? La vie de deux petits Africains a-t-elle la même valeur que celle de deux petits Européens ? Les responsables du Dakar ont dit vouloir continuer à travailler pour que cela ne se reproduise plus, nous verrons bien mais j’ai peur qu’il y ait d’autres décès à l’avenir. Quand les riches s’amusent chez les pauvres, voilà comment je défini le Paris-Dakar.

Il faut vraiment s’interroger sur la poursuite du rallye. L’argent qu’il procure aux villages, les puits que l’on fore, doivent pouvoir être apportés aux populations d’Afrique sans que des vies ne leur soient volées.

Arnaud Mouillard – http://hern.over-blog.com/article-1638460.html
2006-01-19 08:01:46 de Hern

Les enfants du Dakar

Il y a cette belle scène au début de Lawrence d’Arabie : Sur la route de la révolte arabe, Peter O’Toole s’arrête en plein désert pour boire l’eau d’un puits. À cet instant, Omar Shariff, surgi de nulle part, lui interdit de boire l’eau de « son » puits. Une belle amitié naîtra de la confrontation mais l’idée reçue du spectateur a pris du plomb dans l’aile : le désert n’est jamais désert.
Paris Dakar. Le 18 janvier 1988, Jacques Houot et Jean Bernard Moles écrasent une petite fille de dix ans entre Bamako et Kayes au Mali. Au JT du soir, le présentateur parle de l’accident. Pas d’images. Il enchaîne sur le vol de la Peugeot de Vatanen. Images : le pilote heureux d’avoir retrouvé son auto. Le pilote heureux d’avoir retrouvé dans son auto, sa mascotte, une peluche nommée Victor. Ainsi la mascotte de Vatanen s’appelait Victor ! Mais comment s’appelait la petite fille ?
Rien de neuf sous le soleil
Dix huit ans plus tard, ce 13 janvier, Maris Saukans et Andris Dambis écrasent un petit garçon de 10 ans en Guinée. La télévision ne donnera pas son nom, mais aujourd’hui le net peut dire tout bas ce que la télé devrait dire tout haut. Le petit garçon s’appelait Boubacar Diallo. À part cela, rien de nouveau. Absence d’images. En 20 ans l’exigence de sécurité routière a beaucoup augmenté. On parle aujourd’hui ni plus ni moins de criminalité routière pour qualifier les comportements irresponsables. Pourquoi pourrions-nous faire ailleurs ce que nous croyons devoir nous interdire ici ? Pourquoi considérer là-bas comme un exploit ce qui, chez nous, serait lourdement puni ? Au lendemain de l’accident de 1988, Jean Pierre El Kabbach interviewe le co-pilote qui n’a qu’une seule inquiétude : la police a retenu le conducteur au commissariat. Que fait Gilbert Sabine pour le faire libérer ? Pas un mot pour la victime. On en pense quoi aujourd’hui de cette parole-là ? Un rallye est une épreuve sportive : belle mais dangereuse. Dans ces pays où les routes sont des pistes, on devine que l’état n’a pas pour priorité la sécurité automobile. Pas d’hélico pour surveiller les embouteillages. Pas de rond-points à chaque croisement. Peu de panneaux routiers. Pas de trottoirs, de pistes cyclables, de feux rouges, d’éclairage routier. On sait que les autorités locales ne pourront pas sécuriser le circuit. Ou insuffisamment. Non seulement les villageois qui viendront voir les concurrents ne seront pas plus prudents que ceux d’Europe au cours de manifestations du même type, mais ils seront plus ignorants des dangers. Un enfant de dix ans qui n’a jamais vu d’autoroute n’a aucune idée de ce qu’est une voiture roulant à 130 kms/heure. La voiture de Saukans et Dambis faisait du 130 km/heure. Si un automobiliste traversait un village du Brabant wallon ou de Franche Comté et fauchait un enfant à 130 km/h, que ferait la télévision ? Ne serait-ce pas la Une du JT ? N’aurions-nous pas droit à des témoignages ? À une reconstitution ? À quelques déclarations politiques fracassantes sur des projets de répression accrue ? Ne verrions-nous pas les parents en larmes, les voisins en colère, les camarades de classe en état de choc ? Le psychologue qui les assistera demain matin en classe ? Ne verrions-nous pas des images bouleversantes des obsèques ? Et là ? Rien ! Pas une seule image ! France Télévision a envoyé 14 équipes pour couvrir le récent congrès du PS français mais il n’y aurait pas une seule équipe disponible pour couvrir les tragédies du Paris Dakar, grande compétition française, événement annuel super médiatisé ? On a beau se dire que les journalistes sportifs sont peut-être moins doués que d’autres pour traiter les sujets de société, quand les athlètes israéliens furent pris en otages aux jeux olympiques de 1972 à Munich, n’ont-ils pas délaissé avec raison le stade fraternel pour l’arène sanglante ? Savoir s’il faut regarder le doigt ou la lune, ne serait-ce pas l’abc du métier ? Pourquoi aucun d’entre eux n’a-t-il eu le cœur et l’âme de descendre de son 4×4 et de nous raconter comment les habitants d’un village africain ont vécu la mort de leur enfant ? Ce qu’ils pensent, eux, de ce qu’il faudrait faire à l’avenir ? Avec le temps et les épreuves, on est pourtant censé apprendre. Des accidents mortels, le Dakar en a déjà connu beaucoup. Serait-ce la règle du récit sportif qu’ils passent éternellement par profits et pertes ? Que les chiens aboient, que les mères pleurent et que la caravane passe, méprisante, à travers tout. Qu’on se contente de dire que la course est endeuillée. Comme si c’était la course qui était endeuillée et non les familles des enfants morts?
Conscience endormie
Je n’ai pas de réponse à cette question : Pourquoi la télévision, ses journalistes, ses images ont-elles parfois cent ans de retard sur l’éthique des téléspectateurs ? Pourquoi, quand elle passe de la soirée 11-11-11 à l’étape du Paris Dakar, la télé change-t-elle totalement de discours et nous donne-t-elle soudain une image de colonialistes indifférents aux misères du monde ? Que disent, que font, ces rédacteurs en chefs, ces directeurs, ces PDG, ces conseils d’administrations, ces membres de Conseils supérieurs de l’audiovisuel, tous censés être les gardiens de la déontologie, de l’information citoyenne, de l’éthique du service public, des valeurs humanistes, passons-en et de plus hautes encore ? Qu’ils se taisent une fois, c’est déjà une fois de trop, mais pourquoi à jamais ? Année après année ? Comme s’ils étaient lassés de l’avoir tant dit alors qu’ils n’ont pas commencé de le dire ? Sont-ils aveugles à la contradiction et à l’indécence ? Ou se sont-ils endormis devant la télévision ?
Télé décodée
http://site.voila.fr/gheude/page6.html

Un spectacle arrogant et humiliant

Luc Alphand est un homme heureux. Il a remporté la 28e édition du rallye Paris-Dakar qui s’est terminée le 15 janvier 2006 sur les bords du Lac rose au Sénégal. Cette victoire, il la voulait tellement qu’il n’a pas cédé au découragement après huit tentatives infructueuses. Pour cet ancien champion du monde ski, cette victoire n’est pas seulement une consécration sportive dans la catégorie « autos », elle lui apportera aussi certainement beaucoup de notoriété et lui permettra de renflouer confortablement son compte bancaire.
Aussi est-il agacé d’entendre des gens lui rappeler que cette année encore, le rallye a tué deux adolescents, Boubacar Diallo, 12 ans et Mohamed Ndaw 14 ans, coupables d’être sortis admirer le spectacle que représente la course automobile.
Faut quand même pas exagérer ! Pour deux négrillons écrasés, de prétendus moralistes veulent gâcher son bonheur, lui qui, explique t-il dans un grand hébdomadaire français (Le Journal du dimanche du 15 janvier 2006), « s’est défoncé tous les jours à faire 800 bornes, avec les efforts que ça représente toute l’année pour s’entraîner, pour développer les voitures » !
D’ailleurs, peste t-il, ceux qui dénoncent le caractère criminel du Paris-Dakar connaissent-ils réellement l’Afrique ? Savent-ils que « dans tous les villages et les pays traversés, c’est la fête ? » Que les habitants « chantent, dansent, courent partout parce que c’est super pour eux, le rallye ? » Pour tout dire, « qu’ils sont un peu inconscients » ces Africains ?.
Luc Alphand est d’une sincérité désarmante : « oui, je le dis : je suis heureux d’être là et d’avoir gagné cette course » et malgré les drames survenus, « ça ne va pas gâcher ce que je ressens, ce que j’ai accompli » déclare t-il avant d’annoncer fièrement qu’il « compte revenir ici faire de belles courses ».
Luc Alphand et ses copains n’ont pas à s’inquiéter. Ils trouveront toujours sur le continent des responsables politiques et administratifs complaisants et laxistes pour obtenir l’autorisation de traverser les pays de leur choix en dépit du risque très élevé d’allonger la liste des victimes de ce spectacle macabre qui a provoqué la mort de près de 50 personnes depuis 1978 dont 17 spectateurs. Sans que cela ne remette en cause cette épreuve de nantis étalant leurs richesses, et comme si les victimes faisaient désormais partie du décor !
Et si les Africains ne veulent plus mourir, il appartient, de l’avis de certains « aux pays traversés de faire attention et de mettre les moyens de canaliser la foule ». Autrement dit, les pays qui n’ont ni sollicité le passage, ni donné leur avis sur le tracé du rallye doivent se débrouiller pour assurer la sécurité des concurrents venus s’amuser chez eux !
Une requête que le président sénégalais s’est empressé de bien noter : « ce n’est pas parce qu’il y a des accidents qu’il faut arrêter le Dakar. C’est une très bonne chose. Nous ferons le maximum pour créer les conditions afin qu’il se poursuive ».
C’est sûr, le rallye a encore de beaux jours devant lui, d’autant que des associations et des organisations non gouvernementales qui militaient activement pour sa suppression ont maintenant baissé les bras. A deux reprises, en décembre 1984 et juillet 1985, des députés européens avaient tenté d’obtenir l’interdiction de la compétition. En vain. Ils avaient conclu que seule une action des autorités des pays africains permettrait d’obtenir la suppression du rallye.
En décembre prochain, on verra encore, sous les caméras de la chaîne publique France Télévisions, parrain du Dakar, « 500 connards sur la ligne de départ » selon les propres mots du chanteur français Renaud. Et encore plus d’Africains « inconscients », courant, chantant, dansant, quitte à se faire écraser ; parce que pour eux, le rallye, c’est super. Foi de Luc Alphand !
Wahab Sidibé
Lefaso.net
http://www.lefaso.net/article.php3?id_article=11927

Forum de l’article

> Rallye Paris-Dakar : un spectacle arrogant et humiliant
24 janvier 2006, par